(Impro 08, Disques FuturaMarge)

 Vous ne connaissez peut-être pas Alain Pin­solle et ce n'est pas étonnant :

 personne n'en parle! Mais c'est regrettable, et voici l'occasion

 de vous rattraper. Ce vibraphoniste à l'air moqueur comme le merle du Temps des ceri­ses

 n'est pourtant pas le premier venu : dans les années 70

 il était partie intégrante de la mouvance européenne du free-jazz

D'ailleurs cette appartenances entend dés les premières mesures de La Fauche. Bien sûr il y a Jean-Louis Chautemps, devenu bien (trop) rare lui aussi, mais toujours aussi percutant (quand il le veut), paroxystique (quand il le veut) ou suave (quand il le veut). Il y a aussi Roland Molinier et Christian Lété. dont le rôle de soutien aux solistes, disons plutôt aux mélo­distes, ne masque pas le caractère inventif et réactif de leur animation.

Mais puisqu'Alain Pinsolle est le leader et le compositeur de cette formation, penchons-nous un peu sur cette musique qui n'a de chtarbé que le nom. Oui, elle aime les accidents monkiens, les inter­valles distendus, les tonalités qui changent d'étage, les changements de rythme (mais pas trop de tempo), elle aime se donner l'es­pace et le temps (Le Temps 1 et 2. Rapatcharb). elle aime aussi que ça pulse dans et par le dia­logue. Que la surprise et l'inattendu de l'im­provisation et du jeu collectif répondent au souci d'une cohérence intrinsèque (le très réjouissant et très swingant Cristal qui songe. en écho au roman de science-fiction de Theo­dore Sturgeon). Quant à l'improvisateur Pin­solle, il a toujours le souci de l'élégance, au premier comme à l'arrière-plan. Donc rien de véritablement dérangé dans tout ça, simple­ment une liberté qui se donne un faux air de Contrainte, celle par exemple que rien n'ar­rive qui ne dispense du plaisir.

François-René Simon